Je me dis souvent qu'on devient la matière qu'on travaille. A force de travailler une matière, celle-ci nous modifie, jusqu'à nous transmettre ses propriétés. A force de chercher à la comprendre et à la dominer, il faut bien qu'on se mette dans sa peau. Qu'on se soumette à sa logique interne. Nul n'est plus attentif que le tyran. Mais à force de vouloir la transformer selon nos propres désirs, c'est elle qui nous transforme, sans mot dire, et nous soumet à son image.
Quand je travaillais plus de dix heures chaque jour la littérature, je suis devenue lettre. Abstraction littéraire. J'oubliais mon corps. Il semblait s'évanouir, partir en fumée, sublimé par mon labeur intellectuel. Je ne parvenais tout simplement plus à voir la crasse de ma maison, ni à ressentir la faim. La matière n'existait plus, le monde entier passé au filtre de l'évanescente littérature.
Quand je travaillais plus de dix heures chaque jour la littérature, je suis devenue lettre. Abstraction littéraire. J'oubliais mon corps. Il semblait s'évanouir, partir en fumée, sublimé par mon labeur intellectuel. Je ne parvenais tout simplement plus à voir la crasse de ma maison, ni à ressentir la faim. La matière n'existait plus, le monde entier passé au filtre de l'évanescente littérature.
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