P*R*I*E*R*E*****D*E...

...retourner sur ses pas, de tourner en rond, de se perdre enfin...

Oui, revenez sur les articles que vous avez aimé car j'écris en dépit du bon sens chronologique et mes bulletins sont des graines qui ont besoin de temps pour offrir leurs fruits !

samedi 28 mars 2009

L'homme Toro


L'homme Toro est d'un fier pragmatisme mais il sait greffer quelques puissantes paillettes de poésie à son arsenal machiste... Dans les lignes de son corps se croisent une taurine force brute et un sens apollinien de l'harmonie.




un géant noir et solaire



Et voilà toute cette masse inquiétante ployée par cette petite chose qu'est l'amour.

Le toreador est une fée, qui plonge ses pieds dans la terre d'Asie.

vendredi 27 mars 2009

Ces visages qui me dévorent

Une approche prudente, inquiète, mais irrésistible...
Oui, il y a là un mystère qu'il faut qu'on lui explique ...
C'est quoi ce truc qu'elle a sous la bouche ??


Eh oui ! Voilà ce qui inquiète tellement mon observateur ! A bout de curiosité, il finira par désigner du doigt le creux de son menton en me demandant ce que j'ai là ! Je me suis sentie obligée de vite le rassurer : "Ne t'inquiète pas, ça ne fait pas mal ! C'est comme une boucle d'oreille !"
C'est que je l'avais complètement oublié ce piercing ! Pour moi il fait tellement partie intégrante de mon visage que je n'imaginais plus qu'on pouvait l'en séparer pour le soumettre à analyse ! ¨
¨¨¨¨

Je ne sais pas ce qu'en pensent les baroudeurs avertis (petite pensée pour Bruno...), mais moi les rencontres qui me touchent le plus ici, en terre étrangère, ce sont celles avec les enfants et les personnes âgées. Leur regards ont la même limpidité. Ils me tendent le miroir fidèle de leur coeur et de l'impact que la vue de mon visage y imprime. L'ébahissement parfois inquiet des plus jeunes devant la possibilité de ses traits et de ses couleurs, la joie entière des plus vieux devant l'intérêt que mon oeil leur porte. C'est beau. Je reçois en pleine âme leur enthousiasme et me voilà éblouie pour toute une journée !
Le grand-père de la Porte Ouest. Toujours à s'occuper des marmots qui animent la ruelle. Avec toujours un tel plaisir ! En Chine, les enfants sont rois !

La gardienne du Lac de Houhai, dont elle a vu tous les changements en plus de 80 ans de vie... Elle de ces vieux qui constituent la mémoire vivante de Pékin... Une mémoire laissée aux oubliettes de la société. Et pourtant, quelle sérénité dans ses yeux !

¨¨¨

Certains enfants se montrent parfois timides à l'extrême mais c'est généralement avec plaisir qu'ils se laissent amadouer et la rencontre prend souvent l'allure d'un jeu de cache-cache.



Voilà par exemple une fillette qui s'est longuement défiée de moi et de mon appareil photo, et puis, voyant ses camarades intrigués cavaler autour de moi, elle a fini par surmonter ses craintes et par venir vers moi ! Pour moi, c'est une vraie rencontre. ;-)

dimanche 22 mars 2009

Le choc BLOND


Les blondes, le nuage de crème délayant mon café noir, adoucissant et perturbant l'opacité de la faune brune des Chinoises. Je ne sais pas si c'est agréable, chaque fois trop choquant. Mes propres repères sinisés bouleversés. Je comprends les regards avides de curiosité : incroyable du blond ! Vite que je m'en repaisse la rétine. Que j'inscrive cette possibilité dans mes neurones, ma mémoire visuelle. Et puis, la blondeur s'accompagne d'autres lignes, d'autres nuances, d'autres mariages. Des yeux souvent bleus. Des joues rebondies, une peau plus claire. Un sourire différent. Tout est changé. Tout est heurté. C'est surtout l'expressivité de ces visages qui m'indispose presque. Des visages plus nus du fait de leur clarté. Oui, plus nus, plus trahissants/traitres. Passant trop facilement dans les extrémités du rire ou des larmes, contre le masque si maîtrisé des Asiatiques. La fenêtre étroitement découpée de leur yeux. Les lèvres paisibles, sereines.. Rarement émues par la joie ou le chagrin. En tout cas, bien sûr, jamais en public, 面子 oblige.



Au début, chaque fois que je croisai une étrangère, elle était d'une blonde d'une blondeur même rare en France... Tain, ben elles font pas semblant d'être étrangère les filles ! Ça me faisait rire... A croire qu'elles le faisaient exprès. Avec des couleurs pareilles, on les repère à deux cent mètres !



Mais alors il faut bien me rendre compte que j'instille le même choc dans le paysage que ces femmes. Avec mes cheveux teintés au henné, mes yeux verts et ma peau d'une pâleur slave, impossible de la jouer en mode mineur. Et puis, quant à l'expressivité de mon visage... Certains de mes étudiants doivent se demander si j'ai toute ma tête, si je suis vraiment équilibrée. Parfois mes yeux brillent tellement qu'on s'inquiètent de savoir pourquoi je pleure... j'ai beau leur expliquer 'mais non, le vent, la fatigue', me croient pas...




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Aujourd'hui, je poste un sujet très léger pour compenser la journée dans un enfer véritable cette fois, celui du marché informatique, autrement connu sous le nom de 中关村_[zhongguancun]...


vendredi 20 mars 2009

Enfoncement par le Nord




Aujourd'hui, c'est la veille du printemps, mais il m'a semblé traverser une terre de désolation. Aller à la rencontre de la désolation-même... le temps-couvercle n'allait pas non plus dans le sens de la légèreté, mais vraiment, j'ai pris peur, ça me colle encore aux tripes.Temps pourri, pollution et laideur, voilà le cocktail de mon après-midi. Bon, je l'ai bien cherché, à force de traquer les chantiers, il fallait bien que j'en arrive à épuiser mon potentiel esthétisant. Le rapport de force m'a presque échappé, je n'ai presque pas pu trouver la magie. D'habitude, je quitte toujours à regret un endroit, une chose qui a hypnotisé mon objectif. Mais cette fois, je ne suis pas repartie sans un certain soulagement. Je suis rentrée dans une sorte de purgatoire, le 4 ou le 5 ème cercle de Dante, un enfer d'ennui, de laideur et de travaux forcés. Quelques enfants comme par vice, une discrète armée d'hommes au labeur.







La terre portera d'autres fleurs. *




Certains accès m'ont été refusés. Je n'ai pas insisté.

(Une chose est sûre : ça ne veut pas dire "bienvenue")

Avec ma tête de 外国人_[waiguoren] ("étrangère"), les Chinois que j'ai croisés hallucinaient. Ne comprenant pas ce qui m'amenait par ici, voyant encore moins pourquoi je m'arrêtais pour fixer ce qui les entourait. Souvent leur regard cherchent à suivre le mien, à comprendre, c'est drôle. En général, ils me regardent de nouveau, incrédules, chercheant une réponse sur mon visage. Parfois je souris, « oui, je sais, c'est laid et ça n'a aucune importance ». Certains, avec audace ou en catimini, se placent derrière moi, pour voir l'écran de mon appareil. Percer le mystère de mon regard. Avec quelques uns, que je souhaite sortir d'une trop grande perplexité, ou pour les remercier de s'être offert à l'objectif, je montre les photos, j'explique : « la couleur, l'arbre, les lignes » Bon, souvent, ils rient...




Parfois, certains clichés me font prendre des risques... Je pense à cette photo d'un camion-poubelle... L'homme responsable du véhicule m'a invectivée : « Jeune fille, ce sont des poubelles, ils ne faut pas prendre ça en photo ! » Comme si je mangeais quelque chose de mauvais, de dangereux. Pourquoi ils ne faut pas ? Une dame plus âgée enchaîne : « Pourquoi vous prenez ces photos, des photos comme ça ? » Alors, je lui montre la série (des vêtements étendus dans la rue, des murs avec quelques branches... de la beauté en bloc). Elle me dit que je ferais mieux d'aller immortaliser les belles choses, là, ya un lac de waiguoren à deux pas ! Ben oui, je sais bien... Mais quand c'est pour waiguoren, c'est mort ! Ce matin, au marché, c'est les poissons morts que je photographiais. Le vendeur a carrément enlevé le bocal ! "Y en a des beaux là, juste à côté!!" Il ne comprenait pas et semblait même franchement offusqué. Ben ouais, mais les beaux poissons même pas morts, ça m'intéressait pas. :D







En fait, les Chinois s'inquiètent de ce que je fais de ces photos. Je crois qu'ils s'inquiètent surtout de l'image que celles-ci donnent de leur pays. Si certains s'énervent, c'est parce que je froisse leur conscience nationale. Une espèce de censure, de traitement de l'image naturels. Hallucinant.

jeudi 19 mars 2009

BAGUA sensations

Creuser l'équilibre au coeur de l'étourdissement
Exprimer les bêtes qui sont en moi
Leur respiration leur danse et leur intelligence

Alourdir la course du temps par la pratique d'un art, quotidiennement. Chaque jour, revenir sur les traces de ce qui manque. Chaque jour, s'asseoir davantage dans le courant, dont la surface n'est que fuite ahurissante. S'enfoncer jusqu'à la racine du temps, là où il ne s'évade plus, là où, calme et serein, son cycle éternel me nourrit d'or et de paix.

Alourdir, densifier la vie pour la sentir passer, pour avoir prise sur elle et s'offrir le moyen de la pétrir et la façonner selon mes voeux.

dimanche 15 mars 2009

Le printemps arrive et la papier fleurit




剪纸_[jianzhi]

L'art du papier découpé à la main


Du papier en aile de papillon, en pétale de fleur
D'une finesse de pétale, d'une douceur ailée

UNDER CONSTRUCTION Mood



On parle souvent de la « beauté des ruines »... C'est vrai, pas de support plus efficace pour laisser s'évader l'imagination. Mais moi, ce qui m'arrête en pleine rue, ou fige mon regard nonchalamment promené sur la ville traversée en bus, c'est les chantiers. Des ruines à l'envers. Une inversion du mouvement qui offre néanmoins un même point de fragilité, un état stationnaire entre le néant et l'achevé, cette pierre déformée ou non encore informée par la pensée. Cette état stationnaire dont on ne sait pas si la pierre est morte ou fraîchement posée, dont les lignes encore malhabiles et incertaines indiquent mal si le bâtiment se dresse, sur le point de sortir de la poussière ou s'il s'avâchit inéluctablement, rappelé par la poussière.


Et à Pékin, le chantier, la force de la pierre en construction implique d'autres pensées, d'autres regrets. Le chantier est beau, émouvant à Pékin, les entrailles de la ville retrounées, certes, mais vivantes, en mouvement, les hommes au travail, imprimant leur effort à la matière. C'est beau, vivant. Le bâtiment prend des allures d'insectes effarouché, toutes antennes de métal dressés, ou de vaisseau spatial échoué, dont les bras et les gueules des grues semblent un triste appel vers le ciel : « Maison ». Tous ces points de bouleversements mettent la ville en tempête, la sortent de son figement, et la dote surtout d'une atmosphère surréaliste, futuriste, apocalytique.





La guerre du renouveau. Détruire pour renaître, faire neuf. Pékin ruinée par ses chantiers.



Oui, le chantier est beau parce qu'il est encore humain. Sa fin achève le mouvement et fixe le mensonge. Et la laideur, la vraie laideur. Je pense à regret à Hong Kong où toute construction doit respecter les principes du Feng shui, à Kyoto où toute construction doit rester scrupuleusement en accord avec le patrimoine culturel et historique de la ville...



Et moi, je cours après la pierre soufflée par la modernité. Nostalgique par avance, le coeur pincé à l'idée de ce que ces squelettes encore émouvants nous réservent de laideur et d'inconfort. Je ne sais pas vous, mais moi, la laideur, à force, ça fatigue.


vendredi 13 mars 2009

星期五十三号_VENDREDI 13



Ca fait quand même le DEUXIEME vendredi 13 de l'année !! En moins de TROIS MOIS !
Le premier, juste avant la Saint-Valentin est passé tout en douceur, par contre, le dernier... Belle engueulade avec le bien-aimé, comme pour compenser l'inoffensivité du mois de février. Bon, mais on est en Chine, et cette supersition peut-être ne compte plus : le 13 ne fait ni chaud ni froid aux Chinois. Ce qu'ils craignent par contre, c'est QUATRE !! Ah ah ! mais pourquoi ? Parce que 4_ se dit [si], comme la mort_.

samedi 7 mars 2009

La beauté des Occidentales


Depuis deux semaines, j’ai envie d’écrire sur la beauté des Chinoises et voilà que mon amie Ada lance hier dans la discussion : ‘C’est pas en Chine qu’on s’embellit’. La remarque est arrivée comme un cheveu sur la soupe et mon cerveau s’est arrêté. Voilà mes rêveries sur la grâce des femmes asiatiques complètement balayées par ce seul constat, cette évidence : l’enlaidissement des Occidentales à leur arrivée à Pékin... Ce sera donc mon sujet d’écriture à la veille de la fête des femmes !

Allez les filles, un peu de courage. Un état des lieux s'impose.
  • D’abord, la première chose qu’on s’entend dire quand on débarque, c’est : ‘Attention, toutes mes copines étrangères ont pris dix kilos en arrivant’ OOOo AH NANAN ANAN Y a pas moyen là !!! Du coup ça m’a tellement stressée que j’ai perdu trois ou quatre kilos dans le premier mois... (Bon, ce n’est pas que par souci esthétique, bien sûr ! Je le dois surtout à la jungle food qui aura eu raison de mon appêtit.) Quelques raisons en vrac : la cuisine chinoise est dans l’ensemble TRES grasse et très salée ; dans les restau, vous mangez facilement pour moins de 2 euros et les quantités sont TRES copieuses (si vous voulez une soupe, oubliez les quantités inférieures à l’équivalent d’une bassine)...

  • Ensuite, dès la deuxième semaine, vous ne tardez pas à comprendre que votre peau aussi ne sera pas épargnée : c’est quoi ces ptits boutons qui germent partout là ? D’une forme, d’une ténacité jamais rencontrée même au pire moment de l’adolescence ?? Alors, vous avez le choix : ça peut être la nourriture, mais aussi l’eau, l’air ou bien la lessive ??

  • Si la peau va mal, les cheveux aussi seront plats, ternes, les ongles, mous et cassants. Un vrai bonheur.

  • Quant aux adeptes de l’épilation, elles ont du souci à se faire.... Jusque là, je ne suis pas allée au-delà des sourcils. Cette seule expérience m’aura encouragée... à ne plus y retourner. La méthode de l’esthéticienne chinoise ? RASER le sourcil, puis le redessiner au crayon... Gros trait marron courbé sur l’arc sourcilière, MEEEEEEËËrveilleux... Bon, la prochaine fois, je le fais moi-même. Quant à l’épilation du maillot, vraiment, je n’ose imaginer. Et ça restera pour moi de l’ordre du mystère.

  • On poursuit la visite des horreurs avec les produits de beauté contrefaits... Si vous croyez arranger votre peau malmenée par la sécheresse de l'atmosphère avec de la crême à la mélamine, vous êtes sur la bonne voie.

  • Et puis ne comptez pas trop sur la mode pour arrondir les angles. Alors, c'est sûr rien n'est cher mais quoi espérer de ces pantalons mal taillés aux fesses, et flottant allégrement à la taille.. Ah ce jeans qui m’aplatit les courbes ! Eh oui, avec des bagages limités à 20 kilos, on n’a pas de quoi ramener une garde-robe digne de ce nom avec soi... Adieu jolies chaussures, pantalon classe et sous-vêtements mignons...

  • DONC ? Une Occidentale à Pékin, un à deux mois plus tard = grossie, boutonneuse, polluée et habillée façon chiffon. Visage bouffie que des cheveux morts ne sauveront pas.
    Et au contraire, la finesse des Chinoises, leur teint de pêche, leur cheveux de geai... Arfff la concurrence est déloyale....

Les plus tenaces opèreront des modifications draconiennes pour retouver leur équilibre, et alors tout devra être passé au crible --> le plan d’attaque type :
- La bouffe : j’arrête la cantine, tant pis pour la perte en sociabilité, le glutamate là, qu’ils mettent partout, ça me colle carrément toute la paroi digestive et puis ya trop de sel trop d’huile. Repérer les marchés de fruits et de légumes. Mais bon dieu y a du bio ici ???...
- L’eau, même pour faire du riz, j'oublie celle du roblnet
- La lessive : romff, y a du savon de Marseille quek part ??
- Les crêmes de soin : rayon de luxe, le plus cher, tant pis.
- Les shampoing : là c’est dur. Les cheveux de bébé ne sont pas callibrés pour les pâtes crémeuses qui font office de shampoing à Pékin...

Dites-moi, si y a des expat' sur la toile, y en a qui se retrouvent là ?

En tous cas : Vive les femmes !


Je penserai à écrire sur le courage qu'il nous faut, hein. ;-)

Ce que dit le mentor


没有不知道, 没有不会, 只有锻炼

L'ignorance ou l'incapacité n'existent pas, il n'y a que l'entraînement.

不怕漫, 只怕懒

N'aie pas peur d'être lente, crains seulement de ne pas pratiquer.

vendredi 6 mars 2009

La danse synchronisée des canards de Houhai




Ces canards me font tellement rire que moi aussi j'ai envie de danser sur l'eau !


jeudi 5 mars 2009

La lumière de Toya

La vie m'a fait le cadeau d'une Sœur merveilleuse. Je veux écrire sur elle depuis longtemps mais je l'ai jalousement gardée pour moi jusque là... C'est une Princesse Amazone, plus à l'aise en compagnie des Chevaux qu'en celle des hommes. Une magicienne dont l'univers imaginaire et symbolique est d'une puissance et d'une richesse stupéfiantes.
Le Dragon et le Phénix ont niché leur ombre et leurs couleurs dans le secret de sa peau, voilà une élection qui en dit long.
Une Guerrière de la Lumière, Claire, ou Toya de son nom Mongol, ce nom qui signifie "Pur Rayon de Lumière" et que des Mongols ont choisi pour elle, sans connaître bien sûr, le sens de son prénom français. C'est à croire qu'elle est traquée par la splendeur.
Claire-Toya est mon âme-sœur et "si nous n'étions pas d'ici, nous serions l'infini".
J'inscris cet amour d'elle sur la toile du web de façon à le faire ricocher dans tous les espaces possibles, dans tous les recoins du monde.
Voilà qui est bien impudique mais le vrai amour brûle tous les voiles dont on voudra le couvrir.

La rue comme si vous y étiez

Et là, vous êtes à Shilipu Road :

Alors ceux qui comprennent le chinois pourront se moquer de moi : ça fait trois fois que je lui demande de me réparer ma chaussure, trois fois qu'il me répond que ce n'est pas possible... Et bien sûr, je n'oublie pas de me renseigner ensuite sur le prix...

J'ai toujours été nulle à l'oral ::: "(

mercredi 4 mars 2009

Puccamania

J'aime Pucca !
Parce que c'est une amoureuse
et
elle n'a pas peur de le dire.
C'est rare ça !


Et quel plaisir surtout lorsque Pucca me parvient sous la forme de carte postale depuis la France. Ici, je reçois peu de courrier, bien sûr, on se demande pourquoi on enverrait des lettres, il y a internet maintenant ! Et puis, le trajet France-Chine ne semble pas se faire dans les meilleures conditions... Ma petite carte aura mis UN MOIS pour arriver jusqu'ici et il n'est pas rare que les enveloppe plus fournies soient ouvertes préalablement... Sans parler de toutes celles qu'on ne reçoit jamais. Par contre les factures, malgré les méandres de mes changements d'adresse, elles, ne manquent jamais d'arriver à bon port...

Alors voir ma Pucca letter au fond de ma boîte aux lettres, c'est vraiment un pur plaisir.
Merci à son expéditrice ! ****

La pollution qui ne manque pas d'air

Au début j'étais enchantée, je trouvais l'atmosphère parfaitement respirable ! Mais c'était se réjouir bien vite... Pékin avait adopté une politique de réduction massive du trafic routier pour les JO et en me pointant fin août 2008, évidement je voyais encore la couleur du ciel...



Alors la pollution à pékin ça ressemble à quoi ?




À UN GOUT

Mais dès fin septembre, les brumes pas nettes ont de nouveau envahi la ville... Parfois, l'air semblait propre, du moins, il était transparent et je ne distinguai aucune odeur bizarre mais j'avais dans la bouche un goût métallique et acide qui me faisait saliver douloureusement... comme quand on mange du citron ! Ça fait peur... Vous imaginez ?? Devenir allergique à l'air qu'on respire.
C'est aussi le goût de l'eau... Je pourrai directement aller me servir dans la cuvette des toilettes [Vous savez maintenant à quoi ça ressemble !], ce serait pareil. DONC, on ne boit pas l'eau du robinet NA-NA-NAN et on ne respire plus l'air naturel non plus ??... Enfin, l'air « naturel », l'air de dehors quoi. Vraiment, l'époque de l'air artificiel n'est peut-être pas loin dans une ville comme ça. Il nous faudra des conduits d'air traité dans les maisons, des bombes d'oxygène sur nous en cas de malaise... Les petits masques d'infirmières en coton en guise de cache-nez (vous savez, le masque que les asiatiques peuvent portaient parfois dans les villes polluées) sont d'une efficacité probablement très relative...



À UNE BRUME POETIQUE

qui colle au yeux et embrouille mes idées
et puis quand mamie me demande au téléphone « fait quel temps chez toi ? », j'hésite un moment, mais ya rien d'autre à dire : « pollué. » Je peux même pas dire nuageux. Oui, les nuages ici, ça existe pas. Rarement.





À UNE TEXTURE

un voile, des fibre de coton qui s'infiltre dans vos poumons. Si vous voulez prendre soin de votre forme, il y a des jours où il vaut mieux éviter d'aller faire un footing... Je m'y suis amusée une fois, alors que je ne distinguai pas l'autre bout du stade sur lequel je courrai. Après ? Impression d'avoir fumé dix clopes d'un coup. Au bout d'une heure, j'avais des voiles plein la bouche des nuages sales qui s'étaient glissés sournoisement jusque dans mes bronches.




À UNE ODEUR

de pot d'échappement... J'ai pourtant la chance de vivre protégée de la ville, en plein milieu d'un campus universitaire. Je n'entends donc pas la moindre voiture !!! Pourtant, bien des fois, j'ai ouvert la fenêtre dans l'idée d'aérer mon appartement... Et là, mon nez directement abouché à un conduit d'évacuation... Mieux vaut encore moisir dans mes miasmes à moi, ceux de dehors, jsais pas à qui c'est... C'est quand même particulièrement anxiogène... La pollution de l'air... Où voulez-vous vous cacher ? Comment voulez-vous vous en protéger ? Ce sont les fonctions vitales qui sont touchées. Je ne peux pas encore faire autrement que m'abreuver de l'atmosphère que la société voudra bien me donner. Et me contenter de la qualité qu'elle daignera lui laisser... Je me sens parfois traquée, asphyxiée précisément par ce rétrécissement de nos marges de liberté, par cette fonte du naturel.

On ne pourra pourtant pas me reprocher d'être de mauvaise grâce. J'ai pris les étonnantes capacités d'adaptation des plantes en exemple, j'ai couru dans les brumes en m'accrochant aux arbres, à leur présence franchement surréaliste et pourtant bien réelle. Oui il y a des arbres dans mon campus et même des oiseaux. Alors je me suis dit : s'ils peuvent le faire, moi aussi. Je vais respirer l'air tout pourri comme il est et je vais lui demander gentiment de laisser mon corps s'habituer. Si ça se trouve entre le carbones et les particules fines je vais me trouver capable de récupérer un peu de vitamine C ou E – un truc bon pour la peau - ou qqch de mieux encore peut-être hein ?
De toute façon le corps trouve ses propres solutions. Au plus fort de la grisaille puante j'ingurgitais facilement deux kilos d'agrumes par jour... Je me suis rendue compte après que c'était peut-être pour faire face à la nocivité de l'atmosphère justement, vous savez, quand on fume on en grille énormément de la vitamine C... Il faut refaire le plein après ! On pourrait pas attaquer la ville pour tabagisme passif ? Et puis, manger des fruits, ça vous passe l'envie de boire de l'eau aussi, c'est bien pratique.



Et puis de nouveau, voilà quelques semaines que je ne suis plus gênée par l'air. Je m'en suis même inquiétée ! pensant que voilà, ça y est la mutation était achevée et j'étais plus rien qu'une sorte de produit OGM. J'ai eu la nostalgie de mes révoltes organiques ! A mon corps passif : « Mais Dieu réagis, refuse, rejette, dis non, tombe malade fais quelque chose ne sois pas si permissif !! on va aller où comme ça ?? » Mais rien à faire, aucun obstacle dans l'air quand je respirais, aucun flou qui me collait au rétine.

Nan je me reconnaissais plus.


Et puis aujourdhui une collègue m'a rassurée : par temps de pluie ou de neige la pollution est moins virulente, mais après ça revient. Hum, ça tient debout, il a bien neigé ces derniers temps à Pékin.



Ouf j'ai eu peur.



(Mais quand même, qu'un esprit scientfique méclaire de ses lumières !! Pourquoi/comment la neige et la pluie auraient-elles le pouvoir d'écraser la pollution ?

mardi 3 mars 2009

Le pas dans la nuit


Pendant presque deux mois, presque chaque jour je suis allée m'entraîner. Tourner en rond, selon le pas du Bagua. Deux mois dans la nuit où toutes mes sensations m'ont désertée, malgré tous mes efforts, malgré tous mes voeux de détente, rien à faire, chaque pied posé me donnait le vertige. La terre s'est dérobée à chaque pas, s'est refusée à chaque voeu d'enracinement. Comme si je marchais sur un tapis que quelqu'un secouait... une trahison ! Comment tout peut-il fuir ? Toute cette pratique disparue, évanouie, soufflée comme un château de cartes... Le Bagua ne voudrait-il pas de moi?


Un vrai flirt avec le désespoir que tous les praItaliquetiquants d'arts méditatifs ont connu je suppose. Je pense souvent au désert de la foi que les plus grands mystiques ont traversé. Soeur Emmanuelle aurait ainsi pratiqué l'amour de Dieu sans en ressentir la moindre flamme dans son coeur pendant plus de vingt ans. Cela me paraît bien être le test suprême : continuer alors que vous marchez à contre-courant, continuer alors que tout s'effondre et que vous vous enfoncez, continuer, continuer continuer alors que vos actes vous paraissent vides de sens et dépourvus d'impact, alors que vous n'êtes plus alimenté par quelque feu qui rend finalement le chemin si évident. Dans ce cas, il n'y a qu'à y retourner chaque jour, malgré un certain sentiment d'absurdité et de découragement. C'est l'apprentisasge de la patience et de l'humilité. S'il est certain que rien ne vient sans la pratique, il me semble aussi vrai qu'aucune étape n'est franchie une fois pour toute. Tout peut vous être retiré.


Fabienne VERDIER, Cercle blanc

Aujourd'hui, voilà une dizaine de jours que les sensations sont non seulement revenues mais aussi approfondies... Mon pas s'enfonce dans la terre devenue glaise accueillante. Mon énergie affaissée m'assoie dans la ronde.


Comme quoi, c'est dans la nuit qu'on grandit, que le travail le plus profond se réalise... Encore une leçon de patience, pour moi, l'Occidentale convulsée.

La jeunesse de Pékin


dimanche 1 mars 2009

Quand les cultures s'entrechoquent


Mon ami Zennec me demande pourquoi je me suis excitée comme ça en revendiquant le droit d'être bête : j'ai mis du temps avant de répondre. Je suppose que j'ai été touchée par la cause de tous les expat' occidentaux livrés à une culture si différente, à des regards si différents, à des critères de jugement des habitudes et des goûts si différents. Soit on se la joue forteresse imprenable rien à faire, je suis étranger je comprends rien au chinois, soit on a envie de jouer le jeu et de tenter la carte de l'assimilation, de l'adaptation. Faut donc se mettre à la langue. Et là, évidemment, vous avez un corps adulte mais vous émettez des sons bizarres, ridicules, personne ne vous comprend, vous avez 6 mois. Oui, six mois. « Maman, j'ai faim » ça donne « OuinOUINNNNNNNNNNNN ».. C'est rare les Chinois qui se mettent en mode décodeur, nan-nan la moindre faute de ton et vous pouvez rentrer chez vous :: le lien de la communication ne saurait se tisser.
Mais voilà des choses bien générales et auxquelles je me suis familiarisée depuis six mois que je suis là. Et en plus j'ai aucun problème pour manger avec des baguettes.

Il y a eu en fait un autre élément, probablement déclencheur de mon coup de gueule. A la rentrée du deuxième semestre, je posais gentiment des questions à mes étudiants de civilisation sur les coutumes du Nouvel An : les dates et significations exactes de la Fête du Printemps, du Nouvel An et de la Fête des Lanternes. Enfin, je voulais savoir comment ils avaient eux-mêmes vécu ces festivités, s'ils avaient remarqué des évolutions depuis quelques années ou bien des différences de pratiques entre les régions. En fait, je suis passionnée par l'observation de la jeunesse chinoise face à sa propre culture. Je remarque dans l'ensemble une belle perte de contact. Bon. C'était intéressant parce qu'en effet j'ai pu constater qu'ils n'étaient pas tous d'accord sur les dates et qu'ils ignoraient le sens de certaines coutumes (ceci dit, je ne dois pas être beaucoup plus calée sur la France qu'ils ne le sont sur leur propre pays, ils ne font que me tendre un miroir et je prends note de la leçon – c'est en leur enseignant que je découvre notre belle civilisation, que j'en savoure réellement la richesse et le raffinement). Et puis, je suis tombée sur l'article d'une étudiante, à propos de ce cours. La 'femme prof', donc, c'est moi.
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17 février 2009

"La discussion du cours"

Aujourd’hui, c’est le deuxième jour du nouveau semestre et on a passe deux heures de cours avec une discussion très animé sur les fêtes qu’on vient de passer. La femme prof française n’arrive pas toujours à savoir ce qu’elle veut savoir. On a beaucoup parle de la fête du Printemps, de la St.Valentin qui nous guide vers la fête des amoureux chinoise, et puisque la Chine est grande à tel point que ses différentes régions n’ont pas les mêmes connaissances sur une telle ou telle fête ni les même façons pour fêter les fêtes. Déjà entre nous, les étudiants chinois, on est pas tout à fait d’accord des uns avec des autres, vous savez c’est donc normal qu’une étrangère se trouve un peu perdue dans notre conversation. Cependant, je pense qu’elle a quand même pas mal de préjuges, c’est sûrement parce qu’elle ne connaît pas assez sur la culture traditionnelle chinoise et que certains la trompaient.
D’abord, la Fête du Printemps et Le Nouvel An Chinois, C’est absolument la même chose qui signifie les premiers jours d’une nouvelle année selon le calendrier lunaire, plus précisément, dès le premier janvier au 15 janvier (tjs le calendrier chinois). Ils sont juste les traductions de deux versions chinoise, pour le premier : Chun jie, le deuxième : Xin nian, et pour les Chinois, ça veut dire la même chose, ces deux versions !
Ensuite,la St.Valentin est une fête occidentale qui est maintenant très fêtée par les amoureux chinois, comme le Noël. Elle est très commercialisée comme toutes les autres fêtes, c’est peut-être aussi à cause de (ou bien grâce à si vous voulez) ça qu’elle devient de plus en plus populaire. Par contre, les Chinois n’abandonnent jamais la fête des amoureux chinois parce que ça n’existait pas ! Le 7 juin est aujourd’hui nomme comme la St. Valentin chinoise, mais avant, c’était tout simplement une journée consacrée à une belle et triste histoire d’amour : Deux amoureux sont séparés par la mère de la jeune fille, qui est une fée, et chaque année, ils se voient une seule fois en 7 juin, dans le ciel à l’aide des pies qui forment un pont pour eux. Il y a des années, les chinois ont fait connaissance de la St Valentin, et on se dit, pourquoi on ne crée pas une fête chinoise pour les amoureux ? On a donc choisi le 7 juin qui est liée à l’amour, c’est simple, mais c’est ça !
A la fin, la femme prof a parlé d’une grande modification de la Chine, je suis bien d’accord. Et elle dit que tout est commercialisé, je suis bien d’accord aussi. C’est pareil dans le monde entier, non ? Et elle a dit qu’on garde de moins en moins les traditions chinoises, et ça, je ne suis pas du tout d’accord, elle ne peut pas négliger les énormes évidences qui distinguent totalement la culture chinoise de celle occidentale. Par exemple, on réfléchit jamais de la même façon. Je pense pour connaître mieux une culture différente de la sienne, il faudrait qu’on oublie d’abord de les comparer. Les comparaisons, oui, c’est nécessaire, mais il faut d’abord avoir une exacte connaissance sur elle. Car si on compare dès le début, et on peut tjs trouver une ressemblance, aussi on ne peut pas s’empêcher de croire que c’est du copie. C’est peut-être bête mais c’est naturelle.
C’est pas de reproche, c’est mes idées sur l’apprentissage d’une culture. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Commentaires
Bonjour !
Je pense qu'effectivement une culture comme la tienne, aussi ancienne, est complexe à appréhender pour un étranger. On en connait quelques points plus médiatisés, sans forcément connaître toutes les significations !C'est un hasard amusant que je découvre ton blog ! Pour la st Valentin, j'ai reçu de mon compagnon une montre "collector" swatch représentant l'année du buffle ! jolie et sympa ! c'est juste le boulier traditionnel qui est avec qui est une super invention mais un bon casse-tête, même avec le mode d'emploi !
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rainette, 17 février 2009 à 16:05
"Du droit de ne pas savoir"
Peut-on dire de quelqu'un qu'il a des préjugés sur un sujet quand il cherche simplement à être renseigné ? Un Etranger est souvent mal armé pour appréhender la culture chinoise non seulement par ce qu'elle est d'une richesse extraodinaire mais aussi, parce que nous avons en effet des modes de fonctionnement profondément différents. Cela peut entraîner des problèmes de compréhension, mais, en tant qu'étrangère à Pékin, je trouve la rencontre fascinante et ENRICHISSANTE. L'Occident viendrait-il de Mars et l'Orient de Vénus ? Je ne sais pas si nous venons de planètes différentes mais j'ai parfois l'impression de marcher la tête à l'envers. D'autre part, ce que pense l'enseignant n'a aucune importance, ce qui compte, c'est que vous réfléchissiez par vous-même et que vous vous fassiez votre propre opinion. Le procédé de ta femme-prof est peut-être maladroit mais l'objectif est atteint ! La Chine change bien sûr ! Mais le monde entier change aussi ! La richesse culturelle semble un peu partout mise en danger par le développement économique. Aussi peut-être est-il important de se rendre compte de ce qui naît et de ce meurt. Toutes les civilisations sont soumises à ce processus cyclique. Faut-il s'en attrister ? Je ne sais pas s'il convient d'avoir un jugement à propos de ces bouleversements puisqu'ils semblent naturels, mais il faut très certainement rester vigilent et conscient de leurs corrélats. Enfin, je suis bien d'accord avec toi, pour connaître une culture, il faut sans doute oublier les autres pendant un certain temps. D'ailleurs y a-t-il un sens à COMPARER l'Orient et l'Occident ? Est-ce seulement possible ? A partir de quelles données ? Peut-on se passer par contre d'une réflexion sur les conséquences d'une rencontre entre deux cultures si différentes ? L'Orient et l'Occident ne se retrouvent-ils pas dans une capitale comme Pékin ?
Posté par Une Etrangère, 26 février 2009 à 11:10

"A l'etrangere qui me parle de la discussion du cours"
Je dois d'abord m'exuser pour mon utilisation de mot" preguge" car je ne savais pas qu'il a un sens fort, je voulait juste l'utiliser pour designer "des idees pas totalement exactes", pardonne-moi pour mon pauvre francais.Je ne sais pas si tu as fait attentions aux mes phrases sur mes camarades, deja, je ne suis pas tout a fait d'accord avec eux.Je comprends tres bien que c'est tres difficile pour des etrangers de bien connaitre la culture chinoise.Je ne trouve PAS DU TOUT que ma femme-prof est maladroite! Je respecte des gens qui veulent savoir des choses,en plus, chacun a le droit de dire ses opinions. C'est bien de dire ce qu'on pense, non?Et bien sur, on reflechit pas de la meme facon et c'est ca qui rend ce monde varie, j'aime la difference.
Posté par
Oceane, 26 février 2009 à 13:09
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C'est une jeune fille brillante. Ça m'a donc glacé les sangs de constater à quel point mes propos avaient été réduits et figés dans une forme que je ne reconnaissais pas... Et surtout il m'a semblé que mes questions, mes remarques étaient remises en questions par le fait même que j'étais une étrangère et que donc, je ne pouvais pas comprendre... le tout enrobé d'un certain dédain, dune lueur de supériorité, d'une distance infranchissable (j'exagère hein?). Bon, c'est vrai, j'ai été un peu piquée.

Bien sûr la tournure de ces phrases et le choix de son vocabulaire devaient être relativisés étant donné qu'elle est elle-même étrangère à la langue quelle utilise : le français. C'était donc finalement assez difficile de savoir ce qu'elle avait vraiment cherché à exprimer... Mais j'ai quand même pris le partie de lui répondre, comme vous vous en êtes peut-être aperçus. J'avais le choix entre l'indifférence dédaigneuse (étant donné que j'étais un peu agacée) mais évidemment, c'était une attitude très con. Vous savez, en Chine, le prof est hyper respecté et certains enseignants jugeraient qu'ils n'ont pas à s'expliquer auprès de leurs élèves. Lui répondre était au contraire une marque de respect pour ma fonction et pour elle. (Bon ça paraît bien tortureux tout ça, genre roman psychologique du XVIIe. J'arrête, venons en au fait !!) Vous voyez au commentaire qu'elle me fait que nous finissons par nous retrouver. Au final ce malentendu initial a permis une véritable rencontre culturelle.

Mais cela me rappelle bien aussi mon statut d'étrangère que, bien loin de vouloir gommer, j'envisage de cultiver. Il faut en effet que mon regard reste autre, qu'il résiste à l'absorption totale par la culture chinoise (ce qui doit demander un sacré bout de temps, de toute façon). Il faut que je ne comprenne pas. Qu'on m'explique. Il ne faut pas que les choses se banalisent pour moi. Une complète assimilation m'enlèverait bien du plaisir, tout deviendrait beaucoup plus grave tout à coup, et surtout je n'aurais plus cet espace, ce jeu entre ce que je vois et mon regard, cette distance qui me donne l'envie de rire ou qui me permet de remarquer toutes ces petites choses qui dépassent et cornent la surface lisse du réel, lui donnent du relief. Je veux garder ce regard d'aveugle, ce langage d'aphone. Cette démarche d'handicapé.

Si nos pensées fusionnent complètement, l'échange perd en dynamisme, en vivacité ; nous ne saurons plus nous élancer l'une vers l'autre depuis des points différents. Or c'est cette distance-là qui donne de la puissance à la rencontre. Quitte à parfois créer un choc entre les cultures.