P*R*I*E*R*E*****D*E...

...retourner sur ses pas, de tourner en rond, de se perdre enfin...

Oui, revenez sur les articles que vous avez aimé car j'écris en dépit du bon sens chronologique et mes bulletins sont des graines qui ont besoin de temps pour offrir leurs fruits !

mercredi 29 avril 2009

La douleur

est une sous catégorie de la crispation

SORTIR DU RAPPORT DE FORCE AUQUEL NOUS INVITE LA DOULEUR



J’ai 27 ans et je découvre le Meihuazhang.

Est-ce qu’on peut commencer un art pareil à cet âge qui me paraît quelque peu avancé ? Les positions de base du Meihua recquierent un capital de force musculaire et de souplesse très important... C’est bien simple, pendant de longues semaines, j’ai pensé que c’était impossible. Impossible d’ouvrir l’angle de mes hanches, impossible de tenir fléchie – assise dans le vide, à 40 cm du sol - sur un seul pied pendant que l'autre fait juste de la figuration, impossible d’étirer toutes ces zones entre les muscles, les os et les tendons, y insuffler de l’espace, du vide. Du qi. Impossible l’équilibre de tout ce corps sur mes trop ptits pieds...

Pourtant je suis une fille plein de bonne volonté, dont les aspirations ne manquent pas d’ambition, voire franchement de folie. Mais non, cette fois-ci, mon esprit était barré d’impossibles et bien des fois j’en ai pleuré d’épuisement, de rage, de découragement. Et encore une fois, le mentor qui me bouscule, sans la moindre compassion pour mes efforts zébrés de douleur, effondrés dans des gémissements d’enfant. Et d’un ton laconique, il me dit : « Il y a des idées fausses dans ta tête. Tant qu’elles seront là, tu n’avanceras pas. » Ok.. Heureusement pour lui, j’ai passé le cap de la réaction primaire qui consistait à avoir envie de lui mettre un bon coup de boule. :-)

Bon, l’idée fausse, c’est que la douleur est une limite. C’est ma façon de me situer par rapport à elle qui peut constituer une limite, rien d’autre. Et en effet, en respirant, en libérant mon esprit de la peur de souffrir, je cesse de me braquer et de m’énerver, je me libère de la pression, il y a de la douleur, mais ce n’est plus mon problème... Et à la fin, qu'est-ce qu'on récolte ? Les Fleurs du mal qu'on s'est donné !

La répétition, la respiration ouvrent des portes dont on n’aurait jamais cru l’accès possible... j’ai eu la chance de rencontrer de bons exemples qui m'en ont donné la foi et j'expérimente moi-même cette vérité. Les limites dont nous nous étouffons l’esprit sont d’une réalité et d’une nocivité bien plus concrètes que celles qui structurent et empêchent notre corps. La pratique du kung fu me fait percevoir de façon limpide que nous sommes fait d’une matière malléable, modifiable, dotée de capacités de transformation phénoménales. La volonté, la détermination, l’effort maintenu en sont les recettes magiques.

mardi 28 avril 2009

Peau déchirée ou peau en miettes






Pékin pleure des larmes de pierre. Et ça fait des tas. Un dégât de larmes.




lundi 27 avril 2009

L'avis des murs

La pierre n'est pas toujours murée dans le silence. Par le tatouage, elle s'écrie ou rêve. J'aime les pierres poètes de Pékin. Ces murs n'offrant que des lambeaux de cris ou animés au contraire par le sang d'une création, le temps d'un graffiti.





Plus je les regarde, plus j'entends l'avis des murs.

jeudi 23 avril 2009

Traverser la rue...


...par temps de pluie et de nuit

Une expédition.


J'ai d'abord observé les gens, évalué les risques. Possibilité de se faire écraser, de se noyer, de se tordre une cheville sur les passages non pas cloutés mais briqués...


Tout à coup, excitation d'une circulation qui avoue son marasme.




Néanmoins, ce fut pour moi l'occasion de remarquer les beaux passages piétons flambant neuf, d'une brillante fraîcheur. Ça flashe dans la nuit.

vendredi 17 avril 2009

Dur comme 锻炼_Duan Lian

锻炼身体_duanlianshenti
"entraîner le corps"


学习是你的问题不是老师的_Xuexi shi ni de wenti bu shi laoshi de
"Etudier, c'est le problème de l'élève, pas celui du professeur."

Putain c'est pas possible d'être aussi dur
mais je sens combien cette intransigeance est charriée par un flot d'amour et de respect
alors je laisse couler
je me laisse traverser par la dureté de ce torrent qui redresse mes faiblesses
détend mes lâchetés
épure mon courage


la pression qu'il me met est maximale, un degré de plus et je serais brisée. Mais parfois, dans un sourire d'une douceur profonde :

你会比我更厉害_ni hui bi wo geng lihai
"Tu peux être meilleure que moi."

Je n'ai pas besoin d'être plus forte que lui, mais l'aveu de son estime, de sa foi en moi me fait parcourir le chemin avec une détermination décuplée. Il m'aspire avec une puissance incroyable vers le meilleur de moi-même. Sur cette voie, pas de place pour les larmes ou les prises de tête puériles. Je marche sur une corde raide, funambulisme de haute volée, chaque chute entrainant une vraie douleur.


« Tu sais qui est le plus fort au kung fu ? »
« L'idiot. » « Parce qu'il écoute et fait ce qu'on lui dit. »

Encore une fois, voilà une belle conception de la pédagogie n'est-ce pas ? Mais force est de constater qu'il a raison. Combien de temps et d'énergie aurais-je perdu à me juger, m'autoflageller « tu n'y arriveras pas », « trop dur », « trop petite », « pas assez souple » naninana

Il y a deux mois, je lis «La pensée qui se contredit elle-même est de l'énergie gâchée. » Krishnamurti. Ben oui. Il n'en résulte que de l' épuisement. A moins qu'on ne dépasse artistement les contraires dans un beau mouvement dialectique. Mais je ne suis pas très partie prenante des compromis. Autant choisir sa voie et s'y tenir. A vouloir emprunter deux postures à la fois, il me semble qu'on ne va nulle part.

Bon


y aller chaque jour, en donnant le meilleur de soi. C'est tout. C'est d'une simplicité désarmante,
s'en remettre à l'intelligence du ventre.
Chaque fois que je réfléchis je perds l'équilibre, l'énergie monte de façon excessive. Mes jambes brindilles ne peuvent plus assumer le poids et les aléas de ma tête montgolfière

mettre en mouvement l'intelligence du ventre par la respiration, oublier les poumons, trop à l'étroit dans leur cage de côtes, mais descendre et laisser s'épanouir la respiration élastique et libre du ventre. Mes jambes s'enracinent dans le sol et ma tête s'allège, se libère de ses questions vaines et éreintantes.

jeudi 16 avril 2009

Un Mexicain à Pékin

http://www.estarenchinaviviendo.blogspot.com/


"J'ai eu un rêve où mon grand-père déjà mort ouvrait une porte qui conduisait au jardin de chez moi, avec l'oranger fleuri. Je sais où je dois être. Et je suis content."


Ah, il va me manquer. Rodrigo est l'exemple vivant que malgré la différence des cultures et des langues, deux âmes peuvent être d'une extraordinaire proximité. Un peu plus tard, je vous raconterai son histoire. Une histoire dingue. Derrière les sourires et les visages tranquilles se cachent bien des forces, des folies, des courages, des sagesses enfin.


En attendant, je lui laisse la parole...





I know we don‘ t see each other .


We live a t the same building, We share the bricks and windows of this cage dorée where the secret voices of other foreign teachers have sound loud and quietly. If you approach your ears to the walls , you can hear the solitude and the joy , the surprise and the sadness.


From this cell I‘ ve been living the great journey, the trip to the most hidden areas of my soul, my fears and mi strength.


I know we could have stood together son many evenings without talking, just seeing the bottom of our eyes and revealing the mystery of this and another lives. Seeing the invisible things that are alive inside us and, at any moment , can take many forms.



I left. I abandoned everything to come here. My body and soul have suffered. But now I see a different landscape of the existence. Such treasure , being alive,
is invaluable, and it is very easy to waste the water of this sacred river. China has been like an huge animal that breaths under my feet. A strange ancient beast that has gave me the opportunity of knowledge. The privilege of the solitude, the reflection, the pain and the endless way to the happiness.



I want to be a better human being. I want to be less selfish and more compassionate. I want to feel the continuo thread of the plot that began to be woven with the first alive being , millions of years ago. I am small, less wise tan an ant and with a lot of tasks in my life.



I must shake away the dust and find the light , here and now, in every little movement of the life. Awareness could be terrifying but it is the path to a better reality.



A Mexican poet, Jaime Sabines, says:


I am water with a body that will be drunk by the earth,

I am fire, I am compressed air,

I won‘ t last.



We are a second, a miracle, a pause in God‘ s work. I was a seed in the land, and when I grew up , I had the chance of finding the shine of your cat eyes.

dimanche 12 avril 2009

Profil fleur






et pantalon à cœur.


La Femme Caprine


elle est calme quand je me contrôle plus rien, pleure quand mon cœur s'étrangle, s'émeut quand je ris
je m'amuse quand elle se désespère, m'affole quand elle domine, me fâche quand elle s'oublie

elle est maladroite, je suis cruelle
elle est câline, je suis distante
je suis amoureuse quand elle est déjà loin
elle sourit quand je n'espère plus rien


je respire quand elle étouffe


chemins croisés de deux pensées malmenées mais attirées, deux cœurs opposés mais aimantés
et la vie s'ingénie et nous arrache quand nous nous voulons, nous jette l'une sur l'autre quand nous sommes installées dans la distance


son cœur caprin mon âme caprice



âpre amour entre coeurs d'airain, éreintés d'amour néanmoins

jeudi 9 avril 2009

Atiffée...

En ce 4 avril 2009, au lieu de pleurer sur mes morts comme le calendrier l'exigeait, je pleurnichais sur l'incohérence de ma garde-robe... Voilà le printemps estival déjà et je n'ai que des pulls, des moufles et des bottes à me mettre... J'ai déjà un peu développé pourquoi s'habiller en Chine peut devenir un vrai casse-tête chinois pour une femme occidentale... Et j'ai bien l'intention de revenir sur le sujet ! Alors, pour remonter ce moral de coquette en berne, j'ai allumé la télé. Et je ne m'attendais pas à si bien retrouver le sourire ! Alors, qui est la magicienne ?

C'est 郭培_[GUO PEI].



La styliste aux doigts de fée présentait ses créations dans l'émission BAZAAR. Immédiatement séduite par les coupes et l'inspiration de l'artiste, j'ai filé sur internet pour glaner quelques images. Veuillez savourer le fruit de mes recherches !




Les croquis aux courbes vertigineuses et fleurissantes...










Ces textures de plumes, de voiles et d'étoiles métamorphosent la femme tantôt en excessive pivoine, en princesse glacée de diamant, en oiseau-fée virevoletant dans sa robe ailée, en déesse imprenable. Tantôt la robe s'ouvre et abonde en pétales, tantôt elle se fige en une rigide cloche d'or. La beauté révèle sa grâce et sa majesté. Ainsi atif....fée, comment la femme peut-elle encore pleurer !

mercredi 8 avril 2009

L'escalade de Babel

Je suis impressionnée.



Apprendre une langue comme le français est vraiment un sacré défi. Cette orthographe en rupture avec la prononciation des mots, les mille et une exceptions qui codifient la grammaire, cette conjugaison complexe aux mille subtilités désinentielles et temporelles... Une vraie demoiselle maniérée... Mais il me semble que la difficulté est doublée quand les apprenants viennent d'Asie. La distance linguistique et culturelle paraît infranchissable. C'est à se dire que Dieu n'a pas fait semblant de mettre la pagaille entre les hommes... C'est bien simple, pour passer du chinois au français ou inversement, il faut changer de cerveau, renverser la polarité entre les hémisphères gauche et droit. Le français est difficile par son hyperstructuration grammaticale, le chinois est insaisissable par son hyper souplesse grammaticale. Et pourtant, je vais de surprises en surprises et je suis si impressionnée que je dois écrire pour trouver le sommeil. Je sors à peine d'un concours d'éloquence organisé dans mon Université et les étudiants chinois se sont montrés stupéfiants d'humour, de spontanéité et d'excellence véritable, tant du point de vue des idées, de la structure et du vocabulaire. Les plus nombreux à participer étaient... les première année ! Incroyable la qualité du français que certains maîtrisent déjà après seulement quelques mois d'étude ! Ce sont de véritables passionnés ! Et puis, je dois aussi dire que j'ai tout récemment fait la découverte de deux blogs tenus par des Chinoises... Je vous conseille d'y jeter un coup d'œil...





Leur français est si bon que j'ai eu du mal à croire qu'il ne s'agissait pas de leur langue maternelle... Et il n'y a pas que les mots, il y a aussi la pensée. Parce que même traduite dans sa propre langue, une réflexion peut nous rester parfaitement étrangère, incompatible avec nos canaux logiques. Mais quel miracle de constater que la communication est bel et bien totale. Je comprends la langue et le langage que l'autre me tient. Ses sous-entendus et son humour me parviennent du fin fond de son autre monde... En cours, vous me trouverez peut-être bien naïve, mais chaque fois que je sens que mon message a été réellement réceptionné, c'est une surprise et une joie. Avec ces étudiants francophones, il me semble que nous contrecarrons en douceur le châtiment divin consistant à nous disperser. La punition n'est pas annulée pour autant, puisque nous sommes fondamentalement tenus à distance l'un de l'autre par des systèmes de conception et d'expression différents, apparemment sans point de contact, mais cet obstacle est dépassé, transformé en enrichissement mutuel grâce à l'effort de nous comprendre, de tendre et d'épouser l'autre monde. A plusieurs, unis dans cet effort, nous pouvons escalader Babel, sans fâcher le Ciel.



mardi 7 avril 2009

Ben oui, vous êtes qui d'abord ?

Pays de Neige: La demande de la réaction

Hou la la, moi, écrire un blog me rend beaucoup plus nerveuse que d'envoyer un mail !!! Contrairement au destinataire d'un mail, les lecteurs d'un blog sont à la fois anonymes et nombreux ! Dans un mail, je sais à qui je m'adresse, je sais à quel niveau de communication m'attendre, et il y a eu déjà eu un préalable, dont il convient tout simplement de poursuivre le ton. A travers mon blog, je ne sais pas à qui je parle, le passage silencieux et invisible des lecteurs m'inquiète car le rapport n'est pas symétrique : ils me voient, je ne les vois pas. Impression d'un strip tease, aveuglée sous les feux de la rampe. Le public passif pour qui le spectacle est facile. Je n'ai aucun pouvoir dans la relation. Je suis à portée de main, mais le destinataire toujours m'échappe.

samedi 4 avril 2009

Juliette BINOCHE à Pékin

« In-I »
Akram Khan fait danser Juliette Binoche


- au MeiLanFang Theater de Pékin -




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Au début, l'une de leurs premières danses fusionnelles :



Et puis, à la trentième minute, un passage très puissant : elle blesse l'homme qu'elle l'aime. Il cherche à la fuir mais il est collé d'amour pour elle, elle qui le traque, consciente d'avoir commis une erreur, elle le traque, lui qui veut fuir. Là elle attrape un pied, là, sa main, là son cœur. Le désespoir d'une femme éperdument amoureuse, foulant tout amour-propre pour se faire pardonner. Oui, je l'ai vu sur scène le temps de quelques instants. Et j'en ai eu des frissons...

王志平 in 北京

Wang Zhiping est actuellement sur Pékin pour commémorer les trente ans de la photo indépendante en Chine. Pour l'occasion, l'œuvre de l'artiste - qui vit à Aix-en-Provence depuis plus de 25 ans - a été exposée à l'espace 798.


0033-442201979 *** wangzpfr@163.com



Voici un aperçu de ses photos de Provence :



AIX-EN-PROVENCE







DES OISEAUX ET DES HOMMES










PORTRAITS









PANORAMAS












STRUCTURES ET COURBES SACREES








Alors, quelle est votre photo préférée ?

Moi, j'adore les regards tordus et étranglés des filles vers la femme boudinée dans son satin blanc... La tempétueuse séance de coiffure de Brigitte... Les pigeons grimant nos jeux amoureux... Enfin, toutes quoi.