P*R*I*E*R*E*****D*E...

...retourner sur ses pas, de tourner en rond, de se perdre enfin...

Oui, revenez sur les articles que vous avez aimé car j'écris en dépit du bon sens chronologique et mes bulletins sont des graines qui ont besoin de temps pour offrir leurs fruits !

vendredi 20 mars 2009

Enfoncement par le Nord




Aujourd'hui, c'est la veille du printemps, mais il m'a semblé traverser une terre de désolation. Aller à la rencontre de la désolation-même... le temps-couvercle n'allait pas non plus dans le sens de la légèreté, mais vraiment, j'ai pris peur, ça me colle encore aux tripes.Temps pourri, pollution et laideur, voilà le cocktail de mon après-midi. Bon, je l'ai bien cherché, à force de traquer les chantiers, il fallait bien que j'en arrive à épuiser mon potentiel esthétisant. Le rapport de force m'a presque échappé, je n'ai presque pas pu trouver la magie. D'habitude, je quitte toujours à regret un endroit, une chose qui a hypnotisé mon objectif. Mais cette fois, je ne suis pas repartie sans un certain soulagement. Je suis rentrée dans une sorte de purgatoire, le 4 ou le 5 ème cercle de Dante, un enfer d'ennui, de laideur et de travaux forcés. Quelques enfants comme par vice, une discrète armée d'hommes au labeur.







La terre portera d'autres fleurs. *




Certains accès m'ont été refusés. Je n'ai pas insisté.

(Une chose est sûre : ça ne veut pas dire "bienvenue")

Avec ma tête de 外国人_[waiguoren] ("étrangère"), les Chinois que j'ai croisés hallucinaient. Ne comprenant pas ce qui m'amenait par ici, voyant encore moins pourquoi je m'arrêtais pour fixer ce qui les entourait. Souvent leur regard cherchent à suivre le mien, à comprendre, c'est drôle. En général, ils me regardent de nouveau, incrédules, chercheant une réponse sur mon visage. Parfois je souris, « oui, je sais, c'est laid et ça n'a aucune importance ». Certains, avec audace ou en catimini, se placent derrière moi, pour voir l'écran de mon appareil. Percer le mystère de mon regard. Avec quelques uns, que je souhaite sortir d'une trop grande perplexité, ou pour les remercier de s'être offert à l'objectif, je montre les photos, j'explique : « la couleur, l'arbre, les lignes » Bon, souvent, ils rient...




Parfois, certains clichés me font prendre des risques... Je pense à cette photo d'un camion-poubelle... L'homme responsable du véhicule m'a invectivée : « Jeune fille, ce sont des poubelles, ils ne faut pas prendre ça en photo ! » Comme si je mangeais quelque chose de mauvais, de dangereux. Pourquoi ils ne faut pas ? Une dame plus âgée enchaîne : « Pourquoi vous prenez ces photos, des photos comme ça ? » Alors, je lui montre la série (des vêtements étendus dans la rue, des murs avec quelques branches... de la beauté en bloc). Elle me dit que je ferais mieux d'aller immortaliser les belles choses, là, ya un lac de waiguoren à deux pas ! Ben oui, je sais bien... Mais quand c'est pour waiguoren, c'est mort ! Ce matin, au marché, c'est les poissons morts que je photographiais. Le vendeur a carrément enlevé le bocal ! "Y en a des beaux là, juste à côté!!" Il ne comprenait pas et semblait même franchement offusqué. Ben ouais, mais les beaux poissons même pas morts, ça m'intéressait pas. :D







En fait, les Chinois s'inquiètent de ce que je fais de ces photos. Je crois qu'ils s'inquiètent surtout de l'image que celles-ci donnent de leur pays. Si certains s'énervent, c'est parce que je froisse leur conscience nationale. Une espèce de censure, de traitement de l'image naturels. Hallucinant.

1 commentaire:

  1. Des saletés transforment en beautés au travers des yeux des autres. Vice versa, des beautés mutent en laideurs.

    Dénoncer les dégoûts des autres, c'est l'outrage. Mais c'est ce qui est intéressant. Ouvre bien tes yeux ma cocotte.
    bonne quête. Masato

    Masato

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