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...retourner sur ses pas, de tourner en rond, de se perdre enfin...

Oui, revenez sur les articles que vous avez aimé car j'écris en dépit du bon sens chronologique et mes bulletins sont des graines qui ont besoin de temps pour offrir leurs fruits !

dimanche 1 mars 2009

Quand les cultures s'entrechoquent


Mon ami Zennec me demande pourquoi je me suis excitée comme ça en revendiquant le droit d'être bête : j'ai mis du temps avant de répondre. Je suppose que j'ai été touchée par la cause de tous les expat' occidentaux livrés à une culture si différente, à des regards si différents, à des critères de jugement des habitudes et des goûts si différents. Soit on se la joue forteresse imprenable rien à faire, je suis étranger je comprends rien au chinois, soit on a envie de jouer le jeu et de tenter la carte de l'assimilation, de l'adaptation. Faut donc se mettre à la langue. Et là, évidemment, vous avez un corps adulte mais vous émettez des sons bizarres, ridicules, personne ne vous comprend, vous avez 6 mois. Oui, six mois. « Maman, j'ai faim » ça donne « OuinOUINNNNNNNNNNNN ».. C'est rare les Chinois qui se mettent en mode décodeur, nan-nan la moindre faute de ton et vous pouvez rentrer chez vous :: le lien de la communication ne saurait se tisser.
Mais voilà des choses bien générales et auxquelles je me suis familiarisée depuis six mois que je suis là. Et en plus j'ai aucun problème pour manger avec des baguettes.

Il y a eu en fait un autre élément, probablement déclencheur de mon coup de gueule. A la rentrée du deuxième semestre, je posais gentiment des questions à mes étudiants de civilisation sur les coutumes du Nouvel An : les dates et significations exactes de la Fête du Printemps, du Nouvel An et de la Fête des Lanternes. Enfin, je voulais savoir comment ils avaient eux-mêmes vécu ces festivités, s'ils avaient remarqué des évolutions depuis quelques années ou bien des différences de pratiques entre les régions. En fait, je suis passionnée par l'observation de la jeunesse chinoise face à sa propre culture. Je remarque dans l'ensemble une belle perte de contact. Bon. C'était intéressant parce qu'en effet j'ai pu constater qu'ils n'étaient pas tous d'accord sur les dates et qu'ils ignoraient le sens de certaines coutumes (ceci dit, je ne dois pas être beaucoup plus calée sur la France qu'ils ne le sont sur leur propre pays, ils ne font que me tendre un miroir et je prends note de la leçon – c'est en leur enseignant que je découvre notre belle civilisation, que j'en savoure réellement la richesse et le raffinement). Et puis, je suis tombée sur l'article d'une étudiante, à propos de ce cours. La 'femme prof', donc, c'est moi.
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17 février 2009

"La discussion du cours"

Aujourd’hui, c’est le deuxième jour du nouveau semestre et on a passe deux heures de cours avec une discussion très animé sur les fêtes qu’on vient de passer. La femme prof française n’arrive pas toujours à savoir ce qu’elle veut savoir. On a beaucoup parle de la fête du Printemps, de la St.Valentin qui nous guide vers la fête des amoureux chinoise, et puisque la Chine est grande à tel point que ses différentes régions n’ont pas les mêmes connaissances sur une telle ou telle fête ni les même façons pour fêter les fêtes. Déjà entre nous, les étudiants chinois, on est pas tout à fait d’accord des uns avec des autres, vous savez c’est donc normal qu’une étrangère se trouve un peu perdue dans notre conversation. Cependant, je pense qu’elle a quand même pas mal de préjuges, c’est sûrement parce qu’elle ne connaît pas assez sur la culture traditionnelle chinoise et que certains la trompaient.
D’abord, la Fête du Printemps et Le Nouvel An Chinois, C’est absolument la même chose qui signifie les premiers jours d’une nouvelle année selon le calendrier lunaire, plus précisément, dès le premier janvier au 15 janvier (tjs le calendrier chinois). Ils sont juste les traductions de deux versions chinoise, pour le premier : Chun jie, le deuxième : Xin nian, et pour les Chinois, ça veut dire la même chose, ces deux versions !
Ensuite,la St.Valentin est une fête occidentale qui est maintenant très fêtée par les amoureux chinois, comme le Noël. Elle est très commercialisée comme toutes les autres fêtes, c’est peut-être aussi à cause de (ou bien grâce à si vous voulez) ça qu’elle devient de plus en plus populaire. Par contre, les Chinois n’abandonnent jamais la fête des amoureux chinois parce que ça n’existait pas ! Le 7 juin est aujourd’hui nomme comme la St. Valentin chinoise, mais avant, c’était tout simplement une journée consacrée à une belle et triste histoire d’amour : Deux amoureux sont séparés par la mère de la jeune fille, qui est une fée, et chaque année, ils se voient une seule fois en 7 juin, dans le ciel à l’aide des pies qui forment un pont pour eux. Il y a des années, les chinois ont fait connaissance de la St Valentin, et on se dit, pourquoi on ne crée pas une fête chinoise pour les amoureux ? On a donc choisi le 7 juin qui est liée à l’amour, c’est simple, mais c’est ça !
A la fin, la femme prof a parlé d’une grande modification de la Chine, je suis bien d’accord. Et elle dit que tout est commercialisé, je suis bien d’accord aussi. C’est pareil dans le monde entier, non ? Et elle a dit qu’on garde de moins en moins les traditions chinoises, et ça, je ne suis pas du tout d’accord, elle ne peut pas négliger les énormes évidences qui distinguent totalement la culture chinoise de celle occidentale. Par exemple, on réfléchit jamais de la même façon. Je pense pour connaître mieux une culture différente de la sienne, il faudrait qu’on oublie d’abord de les comparer. Les comparaisons, oui, c’est nécessaire, mais il faut d’abord avoir une exacte connaissance sur elle. Car si on compare dès le début, et on peut tjs trouver une ressemblance, aussi on ne peut pas s’empêcher de croire que c’est du copie. C’est peut-être bête mais c’est naturelle.
C’est pas de reproche, c’est mes idées sur l’apprentissage d’une culture. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Commentaires
Bonjour !
Je pense qu'effectivement une culture comme la tienne, aussi ancienne, est complexe à appréhender pour un étranger. On en connait quelques points plus médiatisés, sans forcément connaître toutes les significations !C'est un hasard amusant que je découvre ton blog ! Pour la st Valentin, j'ai reçu de mon compagnon une montre "collector" swatch représentant l'année du buffle ! jolie et sympa ! c'est juste le boulier traditionnel qui est avec qui est une super invention mais un bon casse-tête, même avec le mode d'emploi !
Posté par
rainette, 17 février 2009 à 16:05
"Du droit de ne pas savoir"
Peut-on dire de quelqu'un qu'il a des préjugés sur un sujet quand il cherche simplement à être renseigné ? Un Etranger est souvent mal armé pour appréhender la culture chinoise non seulement par ce qu'elle est d'une richesse extraodinaire mais aussi, parce que nous avons en effet des modes de fonctionnement profondément différents. Cela peut entraîner des problèmes de compréhension, mais, en tant qu'étrangère à Pékin, je trouve la rencontre fascinante et ENRICHISSANTE. L'Occident viendrait-il de Mars et l'Orient de Vénus ? Je ne sais pas si nous venons de planètes différentes mais j'ai parfois l'impression de marcher la tête à l'envers. D'autre part, ce que pense l'enseignant n'a aucune importance, ce qui compte, c'est que vous réfléchissiez par vous-même et que vous vous fassiez votre propre opinion. Le procédé de ta femme-prof est peut-être maladroit mais l'objectif est atteint ! La Chine change bien sûr ! Mais le monde entier change aussi ! La richesse culturelle semble un peu partout mise en danger par le développement économique. Aussi peut-être est-il important de se rendre compte de ce qui naît et de ce meurt. Toutes les civilisations sont soumises à ce processus cyclique. Faut-il s'en attrister ? Je ne sais pas s'il convient d'avoir un jugement à propos de ces bouleversements puisqu'ils semblent naturels, mais il faut très certainement rester vigilent et conscient de leurs corrélats. Enfin, je suis bien d'accord avec toi, pour connaître une culture, il faut sans doute oublier les autres pendant un certain temps. D'ailleurs y a-t-il un sens à COMPARER l'Orient et l'Occident ? Est-ce seulement possible ? A partir de quelles données ? Peut-on se passer par contre d'une réflexion sur les conséquences d'une rencontre entre deux cultures si différentes ? L'Orient et l'Occident ne se retrouvent-ils pas dans une capitale comme Pékin ?
Posté par Une Etrangère, 26 février 2009 à 11:10

"A l'etrangere qui me parle de la discussion du cours"
Je dois d'abord m'exuser pour mon utilisation de mot" preguge" car je ne savais pas qu'il a un sens fort, je voulait juste l'utiliser pour designer "des idees pas totalement exactes", pardonne-moi pour mon pauvre francais.Je ne sais pas si tu as fait attentions aux mes phrases sur mes camarades, deja, je ne suis pas tout a fait d'accord avec eux.Je comprends tres bien que c'est tres difficile pour des etrangers de bien connaitre la culture chinoise.Je ne trouve PAS DU TOUT que ma femme-prof est maladroite! Je respecte des gens qui veulent savoir des choses,en plus, chacun a le droit de dire ses opinions. C'est bien de dire ce qu'on pense, non?Et bien sur, on reflechit pas de la meme facon et c'est ca qui rend ce monde varie, j'aime la difference.
Posté par
Oceane, 26 février 2009 à 13:09
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C'est une jeune fille brillante. Ça m'a donc glacé les sangs de constater à quel point mes propos avaient été réduits et figés dans une forme que je ne reconnaissais pas... Et surtout il m'a semblé que mes questions, mes remarques étaient remises en questions par le fait même que j'étais une étrangère et que donc, je ne pouvais pas comprendre... le tout enrobé d'un certain dédain, dune lueur de supériorité, d'une distance infranchissable (j'exagère hein?). Bon, c'est vrai, j'ai été un peu piquée.

Bien sûr la tournure de ces phrases et le choix de son vocabulaire devaient être relativisés étant donné qu'elle est elle-même étrangère à la langue quelle utilise : le français. C'était donc finalement assez difficile de savoir ce qu'elle avait vraiment cherché à exprimer... Mais j'ai quand même pris le partie de lui répondre, comme vous vous en êtes peut-être aperçus. J'avais le choix entre l'indifférence dédaigneuse (étant donné que j'étais un peu agacée) mais évidemment, c'était une attitude très con. Vous savez, en Chine, le prof est hyper respecté et certains enseignants jugeraient qu'ils n'ont pas à s'expliquer auprès de leurs élèves. Lui répondre était au contraire une marque de respect pour ma fonction et pour elle. (Bon ça paraît bien tortureux tout ça, genre roman psychologique du XVIIe. J'arrête, venons en au fait !!) Vous voyez au commentaire qu'elle me fait que nous finissons par nous retrouver. Au final ce malentendu initial a permis une véritable rencontre culturelle.

Mais cela me rappelle bien aussi mon statut d'étrangère que, bien loin de vouloir gommer, j'envisage de cultiver. Il faut en effet que mon regard reste autre, qu'il résiste à l'absorption totale par la culture chinoise (ce qui doit demander un sacré bout de temps, de toute façon). Il faut que je ne comprenne pas. Qu'on m'explique. Il ne faut pas que les choses se banalisent pour moi. Une complète assimilation m'enlèverait bien du plaisir, tout deviendrait beaucoup plus grave tout à coup, et surtout je n'aurais plus cet espace, ce jeu entre ce que je vois et mon regard, cette distance qui me donne l'envie de rire ou qui me permet de remarquer toutes ces petites choses qui dépassent et cornent la surface lisse du réel, lui donnent du relief. Je veux garder ce regard d'aveugle, ce langage d'aphone. Cette démarche d'handicapé.

Si nos pensées fusionnent complètement, l'échange perd en dynamisme, en vivacité ; nous ne saurons plus nous élancer l'une vers l'autre depuis des points différents. Or c'est cette distance-là qui donne de la puissance à la rencontre. Quitte à parfois créer un choc entre les cultures.

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